mardi 4 septembre 2012

Carrie – Brian de Palma

Un mois déjà. Comme le temps passe. Et j’ai même pas l’excuse des vacances, j’en ai encore pas pris. La mécanique est un peu rouillée mais je tente de m’y recoller, je vais tenter de faire de mon mieux c’est promis. En même temps Paris au mois d’aout, ça encourage à pas foutre trop grand-chose. Il fait beau, toutes les filles sont jolies, il n’y a plus grand monde dans les transports, plein de trucs à faire, des coups à boire … ce qui fait que j’ai laissé filer le bazar sans même m’en rendre compte. Au départ, mon intention était de vous faire une chronique de « Les Arcanes du Chaos » de Maxime Chattam, qui se passe notamment à Paris en plein mois d’aout, mais je ne voyais pas trop comment aborder le bazar sans vous en dire trop. Donc je vous en encourage très vivement la lecture mais je vous en dirais pas grand-chose si ce n’est que ce monde n’est gouverné que par l’argent et que tout ne semble être que manipulation et coup de salope de la part des dirigeants d’une certaine élite. Déjà là j’en dis limite de trop. Simplement lis le, ça colle gentiment la clim. Après je suis pas super objectif, j’aime beaucoup Chattam.

Du coup voilà,  je me retrouve bien dépourvu, alors que la bise est encore même pas venue (c’est toujours une histoire de vent). Mon souci est là, de quoi vais-je bien pouvoir te parler ? Me voilà bien coi … et je te vois d’ors et déjà venir avec tes gros sabot (d’autant que le bois, même sur de la moquette, c’est assez bruyant),  j’ai bien écrit « coi » et non « coït », ce qui n’aurait dans le contexte aucun sens, et même si ça ne fait de mal à personne. Le coït j’entend hein, enfin le fait de rester coi n’engage pas non plus à grand-chose et on le vit très bien je te rassure, une fois passée cette impression désagréable, un peu comme dans un slip trop petit, le paquet engoncé, la taille serrée, après c’est du tissu élastique, donc ça se détend un peu et on trouve ses marques. Donc on peut dire que ni le coït, ni le fait de rester coi ne font grand mal. Rectification, j’ai vu dans des films et pas plus tard que le weekend dernier ou on était en concert avec mes zozos de Welcome Noise (donc on avait loué un joli van de tournée avec télé et tout le tintouin à notre ami Julien Road to Yell) que le coït pouvait être assez douloureux, surtout quand ton partenaire s’appelle Preston … comprenne qui doit !!!

Bon tout ça pour dire que je me retrouvais bien comme un con à pas savoir sur quoi faire cette chronique. Ensuite, j’me suis dit que j’pouvais aussi chroniquer un flim, que c’était bien aussi un flim, et que j’avais justement vu « Donnie Darko » qui m’avait beaucoup plu … bon que j’ai pas tout compris du premier coup et que je suis même pas encore sur d’avoir saisi ou Richard Kelly voulait en venir. Le genre de flim où tu peux trouver 25 lectures différentes et où chacun à un peu sa propre interprétation de l’histoire. Mais je me suis confronté au même problème, comment en faire une chronique qui envoie du bois en tentant de rester un minimum neutre et sans en dire trop, sans balancer la solution de l’énigme. Du coup, en plus d’en rester coi, je commence à me sentir un peu con, aurais-je perdu le modjo (et pas le Mojito, sachant que si tu me connais, je bois que du White Russian, oui, oui, Russian pas Spirit, ça fait trop mal aux sinus) ? Aurais-je été frappé d’une quelconque malédiction d’un marabout de Château Rouge ? Ne suis-je qu’un sale gros ramier qui devant l’obstacle recule pour mieux s’assoir et attendre que le temps et l’érosion face son oeuvre face au mur de mon activité blogal ? Je sais que ma paresse maladive semble être l’excuse la plus plausible mais bordel de merde, elle n’est tout de même pas source de tous mes problèmes ?

 Et puis en fait non, l’ami Gribouille et sa fort charmante petite amie Chachate m’ont prêté un flim que je souhaitais voir depuis un peu : Carrie de Brian de Palma (traduit en français par « Carrie au bal du diable », normal quoi). Il faudra que je vous parle de Chachate un de ses jours et pas seulement parce qu’elle m’a récemment reproché de ne pas le faire, ce qui est faux en plus. Non contente d’avoir un sens très aigu de l’esthétisme en ce qui concerne le cinéma (tous les flims qu’elle m’a conseillé, j’ai kiffé), c’est une femme de goût en tout point. Mais, elle souffre malheureusement du même mal que son concubin, le couple Gribouille et Chachate est parfaitement incapable de respecter un horaire. Ce qui en substance et à l’instant T n’est pas forcément le propos mais qu’il fallait tout de même soulever. Ca n’en est pas moins le couple idéal et des gens que j’aime profondément. Pourquoi je te parle de Gribouille et Chachate, mais simplement pour meubler mon pote soit patient un peu, la chronique arrive.

En premier lieu, le pitch donc : Carrie White est une jeune fille de 17 ans, solitaire et tout sauf populaire. Souffre-douleur de ses camarades, tyrannisée par une mère dévote à l’extrême (ça confère même à la connerie profonde à ce niveau-là), en gros elle a quand même un peu une vie de merde. Le flim démarre sur une scène de douche féminine collective, ce qui a immédiatement su motiver mon intérêt vous vous en doutez. La loose personnifiée remarque qu’elle saigne de l’entre jambe et panique. Ses petites catins de camarades ne trouvent rien de mieux à faire que de la vilipender prestement, tout en lui jetant des serviettes hygiéniques au visage (propre les serviettes, t’inquiète, pas souillées de sang périodique et autres miasmes). Finalement, Miss Collins, la prof de sport vient la consoler puis la renvoie chez elle pour la journée. Exaspérée de s'entendre appeler "Cassie" par le directeur, Carrie montre, le jour même, dans le bureau de ce dernier un avant-goût de ses pouvoirs télékinétiques, en renversant brutalement son cendrier. Une fois rentrée chez elle, elle détaille le topo à sa mère qui la traite de pute à matelot, que si elle a sa puberté c’est à cause de ses péchés et l’enferme dans un placard sombre. La vie reprend son cours au lycée, et pendant que ses petites camarades se trémoussent en mini short, punies qu’elles sont par la prof de sport : 55 minutes de retenue en sport tous les jours, les réfractaires s'exposant à 3 jours d'exclusion et à l'interdiction de venir au bal de promotion de fin d'année, qui approche à grands pas, Carrie s’intéresse et se documente à la bibliothèque de l’école sur son étrange pouvoir. À la demande de son amie Susan, honteuse de son comportement envers Carrie (c'est en effet elle qui a eu l'idée du bombardement de tampons), Tommy Ross accepte d'inviter Carrie au bal de fin d'année. Celle-ci est étonnée, pense qu'on se moque une nouvelle fois d'elle mais accepte finalement devant l'insistance de Tommy. Une nouvelle violente dispute contre sa mère contraint Carrie à user de ses dons. Terrifiée, Margaret ne parvient plus à retenir sa fille. Le bal peut commencer...

Blam déjà ça met dans l’ambiance. Tourné en 1976, Carrie est donc une adaptation d’un roman de Stephen King par Brian de Palma (la première adaptation d’un livre de maître King au cinoche d’ailleurs). Une réalisation d’aucun dirait tout hitchockienne avec des temps à fort suspense, soutenus par une petite musique que vous reconnaitrez pet être si vous avez vu Psychose : c’est la même que lorsque Norman Bates s’apprête à tuer Marion Crane dans la cultissime scène de la douche (je ne fais aucune allusion scabreuse, en plus on voit rien). L’école s’appelle la Bates High School. Alors je sais pas si Brian de Palma est un fils de pute, mais ce qui est sur déjà, c’est que c’est un peu un plagieur n’est-ce pas Orson Wells ?

En dehors de ces clins d’œil plutôt classes, que dire du flim en lui-même. Ben c’est une tuerie. Son statut de monument du flim fantastique est tout sauf usurpé, c’est haletant, les personnages ont tous une bonne part d’ombre, c’est jamais blanc ou noir. Le rythme est plutôt lent, De Palma prend le temps de nous bercer dans l’univers de la pauvre Carrie, ses humiliations, la vie avec sa bigote de mère mais aussi la découverte de ses pouvoirs. Et ça n’envoie littéralement la sauce que dans les 20 dernières minutes. Les acteurs sont tous super justes, Sissy Spacek campe une Carrie en clair-obscur, hyper habitée, ultra-sensible, l’actrice est surinvestie, la classe … le rôle de sa vie oserais- je ? Et les seconds rôles ne dépareillent pas (Piper Laurie, John Travolta, Amy Irving, Nancy Allen … que des noms qui ne te disent pas grand-chose mais que des têtes que tu connais). Carrie est une sorte de Cendrillon de l’horreur. On trouve pas mal de parallèles (la recherche du prince charmant, la famille bien chimique, etc…), à la différence près que la fin est moyennement heureuse. Et au-delà du teen movie horrifique, Carrie est aussi un film militant : critique de nos sociétés, basées sur l’apparence (dans l’histoire, Carrie est un boudin … mais souvenez-vous quand même de ce qu’est un boudin dans le cinéma américain). Cherry on the cake de la réalisation, le split screen final ou on a d’un côté ce qui se passe effectivement et de l’autre ce que perçoit Carrie.

Un grand flim d’horreur comme on aime, un conte cynique et désabusé, une tragédie ultra violente, en un mot la grosse classe. Si tu ne l’as jamais vu, c’est grave, alors dépêche-toi !!!