mercredi 18 mai 2022

Un Tueur sur la Route – James Ellroy

Et ouais mon gars, quand je te disais que j’allais m’y remettre, je me relance et j’essaie de prendre gentiment la cadence. J’aimerais pouvoir te promettre que je vais te balancer une chronique par semaine, mais tu le sais comme moi, ce serait un mensonge. Ben oui, si mes souvenirs sont exacts, je suis une vraie couleuvre, un ramier patenté. Je n’irais pas plus loin dans les métaphores animalières mais oui je suis un peu fainéant, un vrai cossard, un flemmard, un indolent … en un mot comme en cent, je suis un paresseux mais je suis aussi plutôt lucide sur ce trait de caractère, de fait, je ne prendrais aucun engagement envers toi en te promettant des petits billets de manière trop régulière mais je vais faire au mieux. Non content d’être passablement nonchalant, il parait que je suis un peu bizarre parfois. Pour t’expliquer mon propos, laisse-moi te conter une petite anecdote récente qui m’est arrivé. Enfin, pour être plus précis, une petite anecdote qui est arrivé à Mme Pepsi Mollard. Car oui, c’est enfin arrivé, Pepsi Mollard a finalement trouvé chaussure à son pied ou en tous les cas, j’ai trouvé une zouze qui me supporte. J’ai finalement congédié ma horde de girondes naïades, pour m’installer avec la meilleure d’entre nous : Mme Pepsi Mollard donc !!! Bon, je digresse encore, revenons à nos moutons, place à l’histoire que je voulais te raconter. Il y a quelques semaines, Mme Pepsi Mollard était au travail et papotait avec ses collègues durant une pause déjeuner. Elle faisait remarquer à un de ses collègues mâles que quand il observait ses congénères équipés de gonades femelles, il manquait cruellement de discrétion … pour être plus précis, il avait un peu tendance à mater les demoiselles qu’il croisait de manière un peu trop insistante et surtout pas du tout discrète. Piqué au vif, l’accusé a tenté de se défendre bec et ongles (note que je ne parle pas d’un oiseau mais bien de son collègue mais c’est l’expression ad hoc), et, comme ultime argument, il a fini par lâcher : « Attend mais c’est normal ça, tous les mecs le font, on mate tous les nanas » … argumentaire affligeant, tu en conviendras. Puis de rajouter que même son amoureux, moi quoi, n’y faisait pas exception !!! Mal lui en a pris !!! Mme Pepsi Mollard : « Alors là détrompe toi mon gars ! Pepsi Mollard, il a pas du tout tendance à mater comme un dégueulasse comme tu le fais toi, mon mec à moi, il me parle d’aventureeeeu mate les vélos dans la rue et pas trop les culs !!! » … Alors je sais que tu vas trouver ça bizarre mais en effet, Pepsi Mollard mate bien comme un dégueulasse, c’est vrai, mais en effet, je mate bien plus les vélos que la gent féminine. Alors je dois t’avouer que quand Mme Pepsi Mollard m’a raconté ça, j’ai fait une espèce d’introspection. Mais bordel, j’ai un problème ou quoi ??? Et puis finalement j’en ai conclu qu’à chacun ses lubies, déjà c’est un peu plus respectueux qu’être harceleur de rue, et en plus, ça fait pas de moi un tueur en série non plus !!! Et bim, nouvelle acrobatie écrite, car en effet, la chronique d’aujourd’hui traite bien de cela, j’ai lu (1 fois par ans depuis 10 ans) « Un Tueur sur la Route » d’Ellroy et laisse-moi te dire ce que j’en pense. Tout d’abord, le pitch, et j’entends par là l’histoire, comme d’hab, rien à voir avec les briochettes fourrées de chez de Brioche Pasquier ! C’est donc l'histoire de Martin Michael Plunkett, un meurtrier sexuel États-Unien. Son père est un malfrat, sa mère, une alcoolique et droguée, un chouette environnement pour cet enfant prodige. Plunkett développe des fantasmes dans lesquels il assemble des parties de corps de ses camarades de classe, ce qui le poussent vers le voyeurisme : il espionne ses voisins pendant leurs ébats sexuels. Grand lecteur de bandes dessinées, il s'identifie à un héros : Super Saigneur. Pour trouver l'équipement parfait du petit truand, Plunkett vole sa mère, et, lorsqu'elle le punit, l'assassine froidement aux amphétamines. Placé dans un foyer d'accueil chez un ancien flic, Plunkett se donne l’apparence d'un adolescent taciturne, alors qu'il commence à commettre des vols chez des femmes et tue leurs animaux domestiques. Il finit par se faire serrer et fait un petit tour au Hebs. Là, il s’affute et rencontre même son idole : Charles Manson. Il se fait alors une promesse : devenir le parfait symbole du Mal. Il se lance sur les routes de l'Ouest des États-Unis en quête de victimes … Alors pour être un peu plus précis, le livre commence même un peu par la fin. Le procédé d’écriture est d’ailleurs un peu particulier. On démarre sur l’arrestation du tueur qui annonce vouloir écrire ses mémoires et ne plus jamais parler de cela. Le bouquin alterne article de presse, rapport de police et extrait de cette morbide biographie, qui prend de plus en plus de place au fil du récit. Le héros est à l’image des Etats-Unis : démesuré !!! Alors héros est peut-être pas le meilleur adjectif car on parle là d’un tueur en série pervers et violent, mais Ellroy arrive presqu’à nous le rendre sympathique … c’est assez troublant. A aucun moment, Ellroy ne juge son personnage principal, il ne l’excuse pas sans pour autant le condamner : la narration c’est Plunkett, qui finit par se poser en leader dominant d’une meute de tueurs sinistre et décadente !!! Autant vous dire que ce livre est à mon sens un véritable bonbon (je te l’ai dit j’ai fini par accepter que j’étais un peu chelou) ! Alors je te mentirais pas, c’est du Ellroy donc c’est pas facile à lire, d’autant que là, le sujet est un peu lourd, et que le bougre n’y va pas de main morte sur les détails sordides. D’autant que le sujet touche de plutôt près l’auteur, car, si tu le savais pas, la mère d’Ellroy a été assassiné par un serial killer (un quoi ?). On est à 2 doigts de l’étude empirique sur les tueurs en série. Je sais, tu vas me dire que je manque d’impartialité, Ellroy comptant parmi mes auteurs préférés, mais si tu as le cœur solide : Fonce et va chercher bonheur. Un liv’e approuvé par le Pepsi Mollard Raideur Digest, une fois encore !

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