jeudi 21 avril 2011

La Part de l’Autre – Eric Emmanuel Schmitt

Yop, nouvelle chronique, et nouvel exercice pour moi. La teneur de ce blog étant résolument orientée cultures en tout genre, m’oblige à ne pas vous parler que de musique… J’ai hésité à parler de ligne éditoriale, parce que ça fait pro dan la démarche, mais je vais encore me faire traiter de branleur par certains.

Il y a quelques temps, j’avais passé la moitié d’une chronique "livre" à vous démontrer que je savais lire, je ne recommencerais donc pas, de peur de vous ennuyer. Le processus pour arriver à démontrer cela serait sensiblement le même et sentirait le réchauffé. Ce qui vous a peut être (Notez que je n’ai pas mis sûrement, ce qui indique que je doute, parfois, de mon incroyable potentiel comique. A paraître chez Plomb, « mon humour fascinant » signé Pepsi Kola, bientôt en vente dans toutes les bonnes librairies … pas la FNAC du coup) fait rire il y a peu, vous semblerait à n’en point douter lourd et redondant aujourd’hui. Donc je n’insisterai pas plus : je sais lire.

Et pour le prouver aujourd’hui, petite chronique d’un bouquin que je voulais lire depuis longtemps, et dont les seules images sont sur la couverture. Et ouais, un vrai livre avec plein de mots, des fois même des compliqués, mais là ça allait, je les connaissais tous.

La Part de l’Autre donc.  Livre de Eric Emmanuel Schmitt, sorti en 2001, qui met en opposition la vie (légèrement romancée mais quand même bien dans le vrai) d’Adolf Hitler avec une biographie uchronique (là je me la pète avec un mot compliqué genre, je suis un peu intellectuel, j’habite dans le 11e arrondissement de Paris tout ça, mais en faite j’ai trouvé ça dans le résumé du bouquin sur Wikipédia et je trouvais que ça en jetait grave sa mère, rien de plus. Mot que je vous invite à replacer en société, ça devrait en impressionner plus d’un) d’un certain Adolf H. En gros, que ce serait-t-il passé si en septembre 1908, le petit autrichien à moustache, attendant fébrilement les résultats de son admission aux Beaux Arts de Vienne, n’avait pas entendu la « terrible » sentence : « Hitler : recalé ». Comment cette phrase a pu changé le court de l’histoire.

Et ben en un mot comme en cent, ce bouquin retourne le cerveau comme il faut. Il arrive à nous faire douter de l’horreur bestiale du personnage, nous montrer que, peut être, dans une autre situation, suivant d’autres paramètres, le gros fils de mort qui n’aurait mérité rien d’autre que la peine de mort par la sodomie au papier de verre, avec un godemichel aux proportions du membre de Ian Scott (illustre comédien français, spécialiste de films de genre, que l’on regarde, souvent honteusement, sur des sites peu recommandables … 25cm, ça fait un bel objet), et ceux durant 25 ans, aurait très bien pu être un être humain normal, pas parfait mais normal. On peut agrémenter la peine d’une poignée de sable et d’un filet de vinaigre, mais c’est à laisser à l’appréciation du bourreau. Ca fait pas mal réfléchir quand même. En gros, on prend conscience qu’on a tous, au fond de nous une part de Hitler en puissance, et que parfois un micro grain de poussière suffit à tout faire basculer. De surcroît, c’est un beau pied de nez et un gros poing dans le cul à tous ces enculés de nazi et autres xénophobes belliqueux.

Le bouquin n’est pas découpé en chapitre de 10 ou 15 pages comme n’importe quel autre bouquin, mais alterne sèchement la réalité et la fiction pour mieux semer le trouble et perdre le lecteur, ceci permettant de rendre le malaise encore plus palpable, ce qui confirme que nous sommes ce que nous décidons d’être. Ca s’appelle l’existentialisme et c’est un courant de pensées philosophique que Jean Paul Sartre et ses potes représentent pas mal en faite (et ou je me retrouve bien … non pas que je sois un grand philosophe, loin de là, mais là pour le coup, je suis assez d’accord avec ça). Le postulat est que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, en opposition aux religions et autres dogmes qui énoncent qu’elles sont prédéterminées et maîtrisées par une force supérieure, ce qui est d’après moi une belle connerie mais ça ne regarde que moi hein … pourquoi pas croire en Dieu en plus.

Ca peut sembler con comme ça ce procédé d’écriture. Pourquoi nous raconter un truc qu’on connaît déjà au lieu d’insister sur une fiction racontant son faux destin. Il y évoque sa jeunesse, ses échecs, sa pauvreté, ses frustrations, sa libido … toutes ses périodes ou l’humain bâtit sa personnalité. Mais c’est qu’il est adroit en faite le père Schmitt. Il choisit de s’attarder plus spécialement sur sa jeunesse et ce qui l’a conduit à devenir le monstre qu’il est devenu. Au début du livre, c’est la biographie « histoire vraie » qui occupe la plus grande part de l’histoire et plus on avance, plus la fiction prend le dessus. La taille des chapitres consacrés à chacun en atteste. En général, on ne sait pas grand-chose de cette période là de sa vie, et on se surprend, horrifié, à constater sa part d’humanité. C’est assez traumatisant comme expérience et c’est le but du jeu de Eric Emmanuel (qui est un sacré polisson). On ne naît pas monstre, on le devient. Seul petit ombre au tableau d’un bien beau livre qu’il faut lire absolument sans faute, c’est le côté caricatural de la démarche et du récit : Hitler recalé aux Beaux Arts ne pouvait devenir que dictateur alors que son double admis, deviendra lui un peintre de renom. Mais c’est malgré tout intéressant de voir une version, soites parfaitement subjective, mais pour le moins réaliste de ce qu’aurait pu être la face du monde sans ce dictateur sanguinaire et barbare. Recommandé par le Pepsi Kola Raideur Digest.

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